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Douleurs vulvaires et endométriose : comprendre et soulager les symptômes

Temps de lecture : 5 minutes

Les difficultés lors des rapports intimes sont 2 à 6 fois plus fréquente chez les personnes souffrant d’une pathologie chronique, que dans la population générale de même tranche d’âge et de même sexe.

« Les conséquences sexuelles de la maladie sont parmi les plus difficiles à vivre et à supporter (…). Or seulement 10 % des médecins recherchent une difficulté sexuelle chez leurs patients atteints de maladie chronique » (Colson, 2016).

« A contrario, l’abord et la prise en charge du sujet permet une sexualité adaptée aux contraintes de la maladie, de maintenir une bonne entente dans le couple, et une amélioration de la qualité de vie et du bien-être” (Colson, 2016)

On le voit une vie intime équilibrée et épanouie est indispensable dans l’amélioration de la qualité et du bien-être quand on vit avec une maladie chronique. Cette partie-là n’est pas accessoire !

Quand on sait que 87% des femmes atteintes d’endométriose souffrent de douleurs lors des rapports, il serait largement temps de se préoccuper de ce sujet, de comprendre ce qu’il se passe et de trouver des solutions !

Les douleurs vulvaires (appelées aussi vulvodynie) font partie des causes de dyspareunies (douleurs durant les rapports) avec l’endométriose.

La vulve, c’est la partie externe de l’organe reproducteur féminin. C’est donc à la fois, le mont de vénus, les grandes lèvres, les petites lèvres, le périnée, le clitoris, le vagin…

4 millions de femmes vivent avec des douleurs à la vulve tous les jours. C’est 15 % de la population féminine française.

Ces douleurs ou inconforts ne surviennent pas que pendant les rapports. Elles peuvent apparaître n’importe quand.

Quand ils durent depuis plus de 3 mois et que leur cause n’est pas identifiable on les appelle des vulvodynie (pour les amatrices de termes médicaux). La vulvodynie résulte d’un dysfonctionnement du système de modulation de la douleur.

On parle de vestibulodynie pour les douleurs intenses causées par une pression à l’entrée du vagin (notamment lors de la pénétration. La douleur varie d’une personne à l’autre et peut être intermittente. On parle de clitoridodynie pour les douleurs situées sur le clitoris.

Les symptômes physiques de la vulvodynie sont typiquement la douleur qui brûle et pique, et une sensation d’écorchure dans la vulve et le vestibule. La douleur est aggravée par les relations sexuelles ou par une position assise prolongée. Les femmes peuvent aussi éprouver la douleur et l’irritation avec la miction.

La vulvodynie se répartit en deux catégories :

  • la vulvodynie provoquée : la douleur est localisée à l’entrée vaginale (le vestibule) et est déclenchée par le toucher, la friction, ou la pression (par ex., avec l’insertion de tampon, les relations sexuelles, etc.)
  • la vulvodynie généralisée : la douleur est dans divers secteurs de la vulve. La douleur est généralement chronique, mais la pression ou la friction peut aggraver la douleur.

Les causes de la vulvodynie ne sont pas encore clairement identifiées. Plusieurs hypothèses coexistent :

  • Une blessure ou l’irritation des nerfs qui fournissent la sensation à la vulve.
  • L’infection ou le traumatisme passé au niveau du plancher pelvien (par exemple chute, abus sexuel, réactions allergiques chroniques) lesquels peuvent causer des changements anormaux dans les cellules de la vulve.
  • Les problèmes du plancher pelvien tels que le manque de contrôle par-dessus la contraction et surtout la détente.
  • Des mycoses chroniques

La vulvodynie peut être une conséquence de l’endométriose mais peut aussi y simplement être associée (on parle de comorbidité, McNamara et al. 2021) et amplifier les symptômes douloureux ressentis avec l’endométriose. Il devient alors difficile de discerner quelle pathologie est à l’origine de la douleur.

L’endométriose peut avoir des conséquences en termes de douleurs vulvaires :

  • des lésions d’endométriose sur la vulve( endométriose très rare sur les glandes de Bartholin, petites glandes rondes situées dans la vulve, Heijink et al., 2020)
  • des lésions d’endométriose sur le muscle du périnée (très rares, le plus souvent sur les cicatrices d’épisiotomie mais peut aussi se développer spontanément, Nasu et al., 2013)
  • l’endométriose induit la croissance de fibres nerveuses dans la vulve (Mwaura et al., 2023) augmentant le risque de douleurs
  • un dysfonctionnement des muscles du périnée (appelé aussi vaginisme) à cause des douleurs d’endométriose
  • une hypersensibilisation à la douleur dans cette région du corps
  • le développement ou la chronicisation de mycoses (le microbiote vaginal – tout comme la flore intestinale – est souvent perturbé chez les femmes atteintes d’endométriose – Ata et al., 2018, Hernandes et al., 2018)
  • l’apparition de sécheresse intime liées aux traitements hormonaux pour la maladie
  • l’existence d’une névralgie pudendale due à l’inflammation de l’endométriose, inflammation qui irrite les nerfs situés dans le petit bassin ou à une lésion du nerf pudendal par l’endométriose. Le nerf pudendal, appelé aussi nerf honteux, est l’un des nerfs les plus importants du bassin. Il est responsable de la sensibilité de la région génitale (des grandes lèvres jusqu’au clit0rIs) et de l’anus, ainsi que des muscles du plancher pelvien.

87% des femmes atteintes d’endométriose souffrent de douleurs durant les rapports (Source : Étude My S Life – EndoFrance réalisée par questionnaire en ligne du 21 septembre au 13 octobre 2021 auprès d’un échantillon de 384 personnes atteintes d’endométriose âgées de 18 ans et plus.)

Une femme sur deux n’a pas été questionnée sur sa sexualité par son équipe soignante. Et 32 % des femmes n’ont jamais discuté de leur sexualité avec leur équipe soignante.

En effet, les femmes qui éprouvent des douleurs intimes n’osent souvent pas en parler par gêne, par honte, par méconnaissance du caractère potentiellement médical des douleurs et par manque de considération fréquent du monde médical.

Et même lorsque le sujet est évoqué avec l’équipe soignante, seulement 23,2 % des femmes ont reçu des conseils utiles.

Ne restez pas seules avec vos douleurs, essayez ces solutions :

  • Vulvae : l’application carnet de santé pour la vulve
  • Consulter des spécialistes comme un ostéopathe, un kinésithérapeute, un sophrologue ou un hypnothérapeute
  • Utiliser des traitements locaux comme des crèmes anesthésiantes ou à base d’œstrogènes
  • Appliquer un baume vulvaire naturel quotidiennement pour hydrater et apaiser la vulve et éviter les sécheresses
  • Utiliser un lubrifiant naturel et ne pas hésiter à utiliser des hydratants vaginaux
  • Pratiquer des exercices de relaxation et des massages internes pour assouplir le vestibule (la parois interne de la vulve situé à l’entrée du vagin)
  • Communiquer avec son partenaire et ne pas hésiter à consulter un thérapeute de couple
  • Repenser sa sexualité et explorer la sexualité non pénétrante.

Vous trouverez également des solutions pour soulager les autres types de douleurs dans cet article : Solutions naturelles pour soulager l’endométriose – Endholistic

Sources :

  • Ata B, Yildiz S, Turkgeldi E, Brocal VP, Dinleyici EC, Moya A, Urman B. The Endobiota Study: Comparison of Vaginal, Cervical and Gut Microbiota Between Women with Stage 3/4 Endometriosis and Healthy Controls. Sci Rep. 2019 Feb 18;9(1):2204. doi: 10.1038/s41598-019-39700-6. PMID: 30778155; PMCID: PMC6379373.
  • Hernandes C, Silveira P, Rodrigues Sereia AF, Christoff AP, Mendes H, Valter de Oliveira LF, Podgaec S. Microbiome Profile of Deep Endometriosis Patients: Comparison of Vaginal Fluid, Endometrium and Lesion. Diagnostics (Basel). 2020 Mar 17;10(3):163. doi: 10.3390/diagnostics10030163. PMID: 32192080; PMCID: PMC7151170.
  • McNamara HC, Frawley HC, Donoghue JF, Readman E, Healey M, Ellett L, Reddington C, Hicks LJ, Harlow K, Rogers PAW, Cheng C. Peripheral, Central, and Cross Sensitization in Endometriosis-Associated Pain and Comorbid Pain Syndromes. Front Reprod Health. 2021 Sep 1;3:729642. doi: 10.3389/frph.2021.729642. PMID: 36303969; PMCID: PMC9580702.
  • Heijink T, Bogers H, Steensma A. Endometriosis of the Bartholin gland: a case report and review of the literature. J Med Case Rep. 2020 Jul 1;14(1):85. doi: 10.1186/s13256-020-02424-7. PMID: 32605643; PMCID: PMC7329502.
  • Nasu K, Okamoto M, Nishida M, Narahara H. Endometriosis of the perineum. J Obstet Gynaecol Res. 2013 May;39(5):1095-7. doi: 10.1111/jog.12003. Epub 2013 Mar 17. PMID: 23496239.
  • Mwaura AN, Marshall N, Anglesio MS, Yong PJ. Neuroproliferative dyspareunia in endometriosis and vestibulodynia. Sex Med Rev. 2023 Sep 27;11(4):323-332. doi: 10.1093/sxmrev/qead033. PMID: 37544766.

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