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Comprendre les nerfs du bassin pour mieux gérer les douleurs neuropathiques avec l’endométriose

Temps de lecture : 6 minutes

Les douleurs neuropathiques de l’endométriose font partie des douleurs les plus difficiles à soulager. Pour tenter de les soulager le plus efficacement possible, il est important de comprendre quels sont les nerfs touchés. Explications.

Bien entendu, ce post ne remplace pas une consultation médicale avec un algologue (médecin spécialiste de la douleur) ou avec un gynécologue spécialiste de l’endométriose.

Je vous recommande de consulter pour toute douleur que vous pouvez ressentir.

Mais comme vous le savez il me tient à coeur de vous donner des outils pour mieux comprendre ce que vous vivez avec l’endométriose. Parce que quand on comprend mieux ce qu’il se passe dans notre corps, on a plus de moyens d’agir dessus que ce soit en faisant appel à des pros (de la médecine conventionnelle et des soins de support) mais aussi en autonomie grâce à plein d’outils très utiles.

Pour mémoire, les douleurs d’endométriose se classent en trois catégories :

  • douleurs neuropathiques
  • douleurs nociceptives
  • douleurs nociplastiques

Pour aller plus loin dans la compréhension des douleurs d’endométriose, vous pouvez consulter cet article : Comprendre & soulager la douleur d’endométriose- Endholistic

Les douleurs neuro­pathiques associées à l’endométriose touchent environ 40 % des personnes atteintes de cette maladie (source : The conversation)

L’origine de ces douleurs se trouve dans l’irritation, la lésion ou le coincement des nerfs – la plupart du temps ceux situés dans le bassin. Cette douleur peut également survenir même si une lésion a disparu ou à cause d’un dysfonctionnement du système nerveux lui-même.

Dans l’étude Koninckx et al., 2021, il est indiqué : “Anatomiquement parlant, les nerfs sympathiques et parasympathiques, le plexus hypogastrique inférieur et la plupart des nerfs somatiques (p. ex., les nerfs obturateur, pudendal, crural et sciatique) se trouvent à bien moins de 27 mm des possibles lésions endométriosiques. Le fond des poches péritonéales est beaucoup plus près de ces structures nerveuses. La neuroinflammation à distance peut expliquer la douleur sciatique cyclique” par exemple.

Lors d’une douleur neuropathique, on peut ressentir des douleurs permanentes (brûlure, froid) ou des douleurs ponctuelles : décharges électriques parfois accompagnées de picotements, de fourmillements, d’engourdissements ou de démangeaisons.

Ce sont des douleurs très difficiles à soulager.

Certaines personnes seront soulagées grâce à des anti-dépresseurs ou des anti-épileptiques ou par la chirurgie ou bien encore par des injections de toxine botulique (j’avais fait un post sur le sujet il y a plusieurs mois). Elles peuvent éventuellement être soulagées par des traitements anti-inflammatoires ou à base de morphine ou de codéine.

Certaines femmes trouvent un soulagement à ces douleurs neuropathiques grâce au travail réalisé avec un ostéopathe, un kinésithérapeute ou grâce à la pratique de postures de yoga.

Mais pour que ce travail soit le plus efficace possible il est important voire primordial d’arriver à déterminer quels sont les nerfs qui sont irrités, inflammés ou touchés par les lésions d’endométriose.

C’est pour cette raison que dans ce post, je vous propose de découvrir ensemble les grands nerfs du bassin, leur localisation et les endroits où ils peuvent générer de la douleur.

Dans le bassin passent différents grands nerfs qui peuvent être concernés par l’endométriose :

  • en avant du bassin, le nerf fémoral (ou crural) qui contrôle le quadriceps (le muscle de la cuisse) et qui intervient notamment dans l’extension du genou.
  • en arrière du bassin, le nerf sciatique, qui traverse la fesse puis se divise dans l’ensemble de la jambe et permettant l’innervation de la hanche, de la jambe et du pied.
  • le nerf pudendal, qui est responsable de la sensibilité de la région génitale des grandes lèvres jusqu’au clit0rIs) et de l’anus, ainsi que des muscles du plancher pelvien.
  • le nerf obturateur, qui est responsable de la rotation de la cuisse mais a également un impact sur la fonction urinaire et la fonction s3xu3lle
  • le nerf cutané abdominal, qui tourne autour du bassin comme une ceinture. Il démarre de la colonne vertébrale, au niveau des dorsales 10 et 11 et revient sur le ventre. Il peut provoquer de fortes douleurs des côtes jusqu’au bas du ventre.
  • le nerf génito-fémoral, qui peut provoquer des douleurs au-dessus de la cuisse et sur le dessus de la lèvre vulvaire.
  • Ces nerfs sont destinés aux viscères de la cavité pelvienne (organes génitaux, rectum, anus…) et aux muscles de l’abdomen, aux muscles pelviens ou aux muscles des membres supérieurs (cuisse).

Le nerf sciatique est le plus gros nerf du corps. Partant des dernières vertèbres de la colonne vertébrale, traversant le sacrum, il va jusqu’au pied. Il parcourt toute la partie arrière de nos membres inférieurs pour venir transmettre les ordres musculaires.

Lorsque les douleurs neuropathiques viennent du nerf sciatique, elles sont généralement situées :

  • du dos vers la fesse, la face postéro-externe de la cuisse et du mollet, la malléole externe, le dessus du pied et le gros orteil (5e vertèbre lombaire)
  • du dos vers la fesse, la face postérieure de la cuisse, du mollet, le talon et le dessous du pied vers les petits orteils (sacrum)

Le nerf crural, appelé aussi nerf fémoral, permet la contraction des muscles de la cuisse, en particulier le quadriceps. Ce nerf est sensitif et moteur : il transmet les informations sensitives comme les sensations de chaud/froid ou encore la douleur mais il permet aussi la flexion et l’extension des jambes.

Lorsque les douleurs neuropathiques viennent du nerf sciatique, elles sont généralement situées :

  • du dos vers le pli de l’aisne (2e vertèbre lombaire)
  • du dos vers la face avant de la cuisse et le genou (3e vertèbre lombaire)
  • du dos vers la face antéro-externe de la cuisse, le genou et la face interne du tibia (4e vertèbre lombaire)

Le nerf pudendal, appelé aussi nerf honteux, est l’un des nerfs les plus importants du bassin. Il est responsable de la sensibilité de la région génitale des grandes lèvres jusqu’au clit0rIs) et de l’anus, ainsi que des muscles du plancher pelvien.

Lorsqu’il est irrité ou comprimé à différents niveaux de son parcours par l’endométriose, il devient douloureux. On parle alors de “névralgie pudendale”. La douleur est souvent diffuse dans la région périnéale . La douleur est décrite comme une sensation de brûlure, intense, aiguë, et parfois comme un engourdissement.

Le nerf obturateur émerge dans le bassin à proximité du psoas. Il passe devant l’aile du sacrum pour rejoindre la paroi latérale du bassin. Il chemine sur le muscle obturateur interne et son fascia.

Lorsqu’il est touché ou irrité par les lésions d’endométriose, cela provoque des douleurs dans le vagin ainsi que des problèmes urinaires (besoin d’uriner toutes les heures et urgence à se relever la nuit).

La vessie peut être très douloureuse et cela peut engendrer des difficultés à la vider.

Lors des rapports sexuels, les femmes peuvent ressentir des douleurs à l’entrée ou dans le fond du vagin mais également de très fortes douleurs, comme des contractions utérines ainsi que des fausses sensations de corps étranger dans le vagin.

Le nerf obturateur et le nerf honteux sont interconnectés. Lorsque l’un est enflammé, il va provoquer une contracture des muscles et rendre le second douloureux.

Pour aller plus loin sur le sujet :

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