Alimentation,  Corps,  douleur,  Esprit,  Non classé,  Sommeil

Comprendre la relation entre l’endométriose et le SOPK

Temps de lecture : 6 minutes

L’endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) sont deux affections gynécologiques courantes qui peuvent affecter la santé reproductive des femmes. Bien que ces conditions soient souvent considérées comme distinctes, il existe un lien potentiel entre elles qui peut affecter le diagnostic et le traitement.

Rappel sur l’endométriose

Définition

L’endométriose est une maladie « gynécologique » fréquente, retrouvée chez 10 % à 15 % des femmes en âge de procréer. L’endométriose est diagnostiquée chez près de 40 % parmi les femmes qui souffrent de douleurs pelviennes chroniques, en particulier au moment des règles. Cette maladie a également été constatée chez des hommes ou des petites filles non menstruées.

L’endométriose est une maladie caractérisée par la présence anormale de cellules ressemblant aux cellules de l’endomètre (la muqueuse qui tapissent l’intérieur de l’utérus) en dehors de la cavité utérine. Ces cellules, qui ont une composition similaire mais non identique, se fixent sur différents organes du corps humain.

Les organes les plus souvent touchés sont :

  • les ovaires,
  • ligaments utérosacrés,
  • le rectum,
  • la vessie,
  • le vagin.

Les lésions peuvent également toucher :

  • les trompes,
  • l’appendice,
  • le péritoine (membrane qui tapisse la cavité abdomino-pelvienne et tous les viscères qu’elle contient),
  • l’uretère (les conduits qui transportent l’urine des reins à la vessie),
  • les cicatrices (endometriose pariétale) notamment les cicatrices de césarienne, d’épisiotomie, d’hystérectomie,
  • le nombril,
  • le diaphragme.

Ces lésions se comportent comme les cellules de l’endomètre et réagissent donc aux variations hormonales féminines, et particulièrement aux variations des œstrogènes.

Elles provoquent différents symptômes pouvant être très handicapants pour la femme atteinte de la maladie, parmi lesquels des douleurs pelviennes, des douleurs neuropathiques, des problèmes digestifs, une infertilité, des troubles urinaires, de la fatigue chronique, des douleurs à l’épaule. Les symptômes ne se limitent donc pas uniquement à l’appareil gynécologique.

Pour en savoir plus sur les différentes formes d’endométriose, rendez-vous ici.

Une maladie systémique

L’endométriose est régulièrement présentée comme une maladie gynécologique hormonale. Cette définition est à mon sens trop restrictive pour différentes raisons.

D’abord, l’endométriose ne touche pas que l’appareil gynécologique que ce soit en termes de lésion ou en termes de symptômes.

Par ailleurs, l’origine de l’endométriose n’est aujourd’hui pas clairement identifiée même si les lésions ont une composition semblable à l’endomètre issu de l’utérus. Plusieurs hypothèses mêlant la piste immunitaire, la piste embryologique, la piste lymphatique sont aujourd’hui explorées.

Cette origine encore inconnue remet également en cause la composante uniquement hormonale de l’endométriose. Les lésions réagissent en effet aux hormones féminines (progestérone et œstrogènes) de la même manière que l’endomètre. Cependant, de nombreux autres mécanismes influenceraient l’émergence et le développement de cette maladie (et notamment état du microbiote et système digestif, système nerveux, système immunitaire et inflammation).

La revue The Lancet[1] parle ainsi de « maladie systémique » et propose de revoir complètement l’approche médicale actuellement adoptée (un traitement hormonal pour soulager les douleurs et essayer de stopper le développement de la maladie) : « l’endométriose affecte le métabolisme du foie et du tissu adipeux, entraîne une inflammation systémique et modifie l’expression des gènes dans le cerveau, ce qui provoque une sensibilisation à la douleur et des troubles de l’humeur. L’effet complet de la maladie n’est pas pleinement reconnu et va bien au-delà du bassin. La reconnaissance de l’étendue de la maladie facilitera le diagnostic clinique et permettra un traitement plus complet que celui actuellement disponible. Les progestatifs et les contraceptifs oraux à faible dose sont inefficaces chez un tiers des femmes symptomatiques dans le monde, probablement en raison de la résistance à la progestérone. »

Rejoindre la formation “Mon cycle et l’endo” pour apprendre à observer son cycle et comprendre les indices qu’il nous envoie pour adapter sa routine endométriose et réduire les symptômes

Le diagnostic de l’endométriose peut être difficile car les symptômes peuvent varier considérablement d’une femme à l’autre et peuvent être confondus avec d’autres maladies comme le syndrome des ovaires polykystiques.

Qu’est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ?

Le syndrome des ovaires polykystiques (abrévié SOPK) est une maladie hormonale chronique touchant environ 10% des femmes en âge de procréer.

Cette maladie est due à une production trop importante de testostérone (hormone mâle androgène) chez la femme. Cette production trop élevée est due soit à une surproduction au niveau des ovaires (d’où le nom polykystique – en réalité il s’agit de nombreux follicules et non de kystes dans les ovaires) soit par la présence d’un dérèglement des glandes endocrines (qui produisent les hormones) situées dans le cerveau.

Le syndrome des ovaires polykystiques est la première cause d’infertilité chez la femme.

La surproduction de testostérone est responsable de plusieurs symptômes chez les femmes concernées : des règles irrégulières, une pilosité exagérée, une chute de cheveux, de l’acné, un grand nombre de follicules sur les ovaires.

Les femmes atteintes de SOPK ont plus de risque de développer un diabète de type 2 et un taux de cholestérol élevé dans le sang.

Quel est le lien potentiel entre l’endométriose et le SOPK ?

Bien que l’endométriose et le SOPK soient considérés comme des affections distinctes et qu’il n’y ait pas de piste officielle sur le lien entre les deux, il existe des facteurs favorisant les deux problématiques, à savoir le déséquilibre hormonal et l’inflammation, et certains des symptômes peuvent se chevaucher.

En outre, certaines études ont suggéré que les femmes atteintes de SOPK pourraient être plus susceptibles de développer de l’endométriose.

Quelles sont les points communs et les différences entre SOPK et endométriose ?

Voici comment différencier les symptômes du SOPK de ceux de l’endométriose :

EndométrioseSOPK
maladie inflammatoirepathologie hormonale
la douleur est le symptôme principal
excès d’hormones androgènes
potentiellement règles abondantespotentiellement règles abondantes
infertilitéinfertilité
saignements entre les règlessaignements entre les règles
problèmes urinaires et digestifs
dyspareunies
pilosité abondante, acné

Les seuls symptômes communs à l’endométriose et au SOPK sont des règles abondantes, des saignements entre les règles et l’infertilité, mais pour des raisons très différentes :

  • dans le cas du SOPK, les saignements anormaux et l’infertilité sont dus à des problèmes d’ovulation, et la solution consiste à rétablir l’ovulation
  • dans le cas de l’endométriose, les saignements anormaux et l’infertilité sont dus à une inflammation du bassin, et la principale solution consiste à réduire l’inflammation.

Comment le SOPK peut affecter l’endométriose?

Le SOPK peut affecter l’endométriose de plusieurs façons :

  • Tout d’abord, il peut aggraver les symptômes de l’endométriose, notamment en augmentant les niveaux d’œstrogènes dans le corps. Cela peut stimuler la croissance du tissu endométrial en dehors de l’utérus et aggraver les douleurs pelviennes.
  • En outre, le SOPK peut entraîner une ovulation irrégulière ou absente, ce qui, d’une part, empêche une belle production de progestérone – l’hormone meilleure amie de la femme atteinte d’endométriose car elle est anti-inflammatoire, décontractante et cicatrisante – et, d’autre part, peut augmenter les risques d’infertilité pour les femmes atteintes d’endométriose.

Comment l’endométriose peut affecter le SOPK?

L’endométriose peut également affecter le SOPK.

Les femmes atteintes d’endométriose peuvent avoir des niveaux plus élevés d’hormones mâles (androgènes), ce qui peut causer une résistance à l’insuline. La résistance à l’insuline est un facteur de risque pour le développement du SOPK.

De plus, l’endométriose peut causer des cicatrices sur les ovaires ou les trompes de Fallope, ce qui peut affecter la qualité et la quantité d’ovules disponibles pour la fécondation.

Et si vous cumulez endométriose ET SOPK ?

Il est possible d’être atteinte à la fois d’endométriose ET de SOPK. Double peine – particulièrement en termes de fertilité mais aussi de bien-être au quotidien avec une accumulation de symptômes ressentis.

Que faire si je suis atteinte d’endométriose et de SOPK en même temps ?

Le traitement médical de référence pour l’endométriose et le SOPK est la pilule en continu. Ce traitement hormonal permet de supprimer les symptômes mais il ne permet de travailler sur les causes des deux maladies (qui sont d’ailleurs encore en discussion chez les scientifiques…)

Si vous souhaitez travailler avec une approche naturelle de santé, il est important de s’occuper d’abord de l’endométriose parce que l’endométriose est une maladie plus invalidante que le SOPK.

Travailler sur le SOPK avant de s’occuper de l’endométriose peut faire augmenter les oestrogènes et cela pourrait aggraver l’endométriose.

L’objectif sera donc de réduire l’inflammation de l’endométriose et d’agir sur l’équilibre hormonal permettant ainsi d’agir sur l’endométriose et le SOPK en même temps. Agir également pour soulager le foie sera utile car c’est un organe fondamental dans la gestion de l’équilibre hormonal.

Pour aller plus loin :


[1] TAYLOR Hugh S, KOTLYAR Alexander M, FLORES Valerie A, Endometriosis is a chronic systemic disease: clinical challenges and novel innovations The Lancet, Volume 397, ISSUE 10276, P839-852, February 27, 2021, DOI:https://doi.org/10.1016/S0140-6736(21)00389-5

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *