Comment votre alimentation et votre digestion influencent l’endométriose dont vous êtes atteinte ?
Parmi les symptômes de l’endométriose, on trouve les troubles digestifs : constipation, diarrhée, douleurs lors de l’émission des selles… Aujourd’hui, différentes études montrent que l’endométriose peut être à l’origine de ces troubles mais que ces troubles pourraient également être à l’origine du développement des lésions d’endométriose. A quoi sont dûs ces symptômes ? Comment influencent-ils l’endométriose ? Pourquoi est-il si important de prendre soin de son alimentation, de sa digestion et de son microbiote ? Comment faire pour améliorer son confort digestif et en même temps agir sur l’endométriose dont on est atteinte, sur son niveau d’énergie et sa fertilité ? Faisons le point.
Sommaire
ToggleLes maladies chroniques, l’alimentation et la digestion
Les maladies inflammatoires chroniques toucheraient près d’un Français sur trois. Parmi ces maladies, on retrouve par exemple : sclérose en plaque, Parkinson, diabète, psoriaris, eczema, rectocolite hémorragique, arthrose, asthme, la maladie de Crohn et … l’endométriose !
Si, au début, l’origine de ces maladies était principalement associée à des facteurs environnementaux comme le tabac et la pollution, aujourd’hui l’alimentation est de plus en plus mise en cause. Ainsi, selon Catherine Lacrosnière, médecin nutritionniste et auteur de Prévenir et soigner l’inflammation (2018), l’alimentation peut favoriser l’inflammation chronique comme elle peut soulager le terrain. Pourquoi ?
Pourquoi l’alimentation est aujourd’hui mise en cause dans le développement exponentiel des maladies chroniques inflammatoires ?
La façon de se nourrir s’est beaucoup dégradée en vingt ans :
- Les aliments bruts sont de plus en plus de mauvaise qualité : fruits et légumes produits hors saison et/ou qui ont beaucoup voyagé et/ou qui ont reçu énormément de pesticides, viandes et poissons « mal élevés » dans la mesure où ils sont nourris avec des aliments qui ne sont pas leur alimentation naturelle (mais ou soja pour les vaches qui normalement mangent de l’herbe) et où ils absorbent des antibiotiques pour lutter contre les maladies et parasites qu’ils pourraient contracter dans les élevages intensifs.
- L’alimentation est très transformée : la plupart des plats préparés contiennent des aliments de très mauvaise qualité (manque de nutriments indispensables à l’endométriose) et pour compenser les industriels rajoutent du sucre, du sel et des additifs (colorants, exhausteurs de goût, conservateurs, etc.) pour satisfaire nos papilles mais qui sont dangereux pour notre santé (certains d’entre eux sont des perturbateurs endocriniens)
- La façon de se nourrir ne permet pas de digérer correctement : nous déjeunons souvent sur le pouce (fast food/ sandwich/salade avalée rapidement) lorsque ce n’est pas devant son ordinateur au bureau, nous grignotons pour compenser nos émotions (stress, déprime passagère), nous dînons devant la télé, la tablette ou le téléphone avec l’assiette sur les genoux sans conscientiser ce que nous mangeons (aucun plaisir dans la bouche et une mastication plus faible des aliments qui rend plus difficile la digestion).
Le guide de l’Endobelly : En comprendre les causes et agir pour se réconcilier avec son ventre
Un guide accessible et digeste afin de vous informer sur ce symptôme très peu abordé par la médecine allopathique et complémentaire :
- de nombreuses clés de compréhension de ce symptôme multifactoriel
- une feuille de route pour agir dès aujourd’hui grâce à des outils simples et efficaces
Comment l’alimentation impacte le développement de l’endométriose ?
La manière dont vous vous nourrissez à des effets très puissants sur votre corps
Avec l’endométriose, chaque repas peut devenir un véritable casse-tête, voire un véritable enfer. Peur d’avoir mal au ventre, d’avoir un transit qui ralentit ou qui s’accélère très fortement, peur d’avoir le ventre qui gonfle et de se sentir ballonnée (le fameux endo-belly), et j’en passe…
La façon dont vous vous nourrissez a des effets très puissants sur votre corps : niveau d’énergie, humeur et plus globalement état de forme.
Mais ces symptômes ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ils sont le signal d’alerte que votre système digestif est en mauvais état !
Et plus profondément, la nourriture peut changer la manière dont nos gènes s’expriment (c’est ce qu’on appelle l’épigénétique). Il vous appartient donc de vous nourrir en conscience pour faire du bien à votre corps mais aussi à votre âme et à votre esprit. Vous êtes ce que vous mangez.
L’alimentation agit sur la douleur, la fatigue, le stress et le développement des lésions d’endométriose
L’alimentation, et de façon plus générale, la manière de se nourrir, est primordiale quand on a de l’endométriose. En effet, l’alimentation agit sur :
- la douleur par l’inflammation générale du corps : la pratique d’un régime anti-inflammatoire agit sur l’inflammation des lésions d’endométriose et donc sur la douleur que vous ressentez. Pour ma part, la pratique du régime anti-inflammatoire a fait baisser mon niveau de douleur de 80% en 3 mois.
- la fatigue, par le manque de nutriments : la pratique d’une alimentation dense en nutriments : plus les aliments sont proches de l’état dans lequel on les trouve dans la nature, plus ils seront riches en nutriments et plus ils t’apporteront les vitamines, minéraux et acides aminés dont votre corps a besoin pour fonctionner chaque jour
- votre niveau d’œstrogènes : l’endométriose étant une maladie hormono-dépendante, la pratique d’une alimentation qui permet de détoxiquer les œstrogènes aide à éviter le développement de nouvelles lésions et l’exacerbation des lésions déjà existantes.
- l’inflammation + le niveau d’œstrogènes (combo gagnant !!) : la qualité des aliments ce que vous mangez doit être la meilleure possible (biologique, naturelle et fait maison) pour éviter pesticides et additifs alimentaires qui constituent des perturbateurs endocriniens et le sucre ajouté qui se cache PARTOUT.
- le stress, à cause d’un microbiote déséquilibré. A ce sujet, je vous invite à lire le livre Le Charme discret de l’intestin : tout sur un organe mal aimé de Giula Enders dans lequel elle explique que notre intestin est notre deuxième cerveau et que si celui-ci est en mauvais état alors l’humeur s’en ressent : dépression, stress, anxiété se développent.
- et j’ai gardé le plus important pour la fin : l’alimentation agit sur votre digestion : celle-ci a un impact sur l’endobelly notamment en augmentant la perméabilité intestinale : l’amélioration de votre confort digestif passe d’abord par un respect des bases fondamentales de la nutrition (prendre son temps pour manger, bien mastiquer, ne pas grignoter entre les repas, manger à sa juste faim et uniquement quand vous avez faim). Le confort digestif passe aussi par la pratique d’une alimentation qui permet de prendre soin de son microbiote et de guérir la perméabilité intestinale.
Le guide de l’Endobelly : En comprendre les causes et agir pour se réconcilier avec son ventre
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Mais alors comment faire pour mieux digérer quand on a de l’endométriose ?
Il faut d’abord chercher à améliorer son microbiote
Le microbiote, également appelé flore intestinale, jouerait un rôle dans l’inflammation impliquée dans l’endométriose, et dans sa progression.
De nombreuses études scientifiques ont montré qu’il est possible que la flore intestinale soit impliquée dans le déclenchement et la progression de l’endométriose. (Source : Laschke, Menger, The gut microbiota: a puppet master in the pathogenesis of endometriosis? Am J Obstet Gynecol. 2016 Jul)
Le microbiote intestinal jouerait un rôle majeur dans la régulation de l’inflammation.
Alors comment faire pour améliorer sa flore intestinale et faire en sorte qu’elle ne contribue pas au développement de l’endométriose ?
L’idée est de nourrir les bonnes bactéries (les probiotiques) présentes dans l’intestin et d’augmenter leur quantité afin qu’elles prennent la place des mauvaises. Pour nourrir les bonnes bactéries, il faut leur apporter des prébiotiques.
On trouve les probiotiques et les prébiotiques dans l’alimentation du quotidien d’où le rôle fondamental d’une alimentation adaptée pour soigner son endométriose.
Si l’alimentation est riche en probiotiques et prébiotiques mais que la digestion ne s’améliore que faiblement, il est possible d’avoir recours à un complément alimentaire spécifique qui permet également à l’endométriose de régresser.
Le lactobacillus gasseri un probiotique qui améliorerait la qualité de vie des femmes atteintes d’endométriose
Une étude expérimentale a montré que le probiotique Lactobacillus gasseri pouvait intervenir dans la régression de l’endométriose en faisant diminuer le nombre et le volume des lésions et en réduisant les douleurs lors des menstruations.
Mais il arrive parfois que le rééquilibre du microbiote ne suffise pas à améliorer le confort digestif des femmes atteintes d’endométriose ni à faire régresser la maladie. Il faut alors regarder :
- soit du côté des FODMAPS, ces aliments contenant des sucres qui fermentent dans le gros intestin et accentuent les désagréments intestinaux
- soit du côté de l’état de la muqueuse intestinale, qui pourrait être très endommagée et laisser passer des molécules qui ne devraient pas sortir de l’intestin, activant le système immunitaire et donc l’inflammation. On parle d’intestin poreux ou d’intestin perméable
- soit du côté de l’intestin grêle qui peut être le siège d’une prolifération bactérienne anormale
Et si les FODMAPS accentuaient mes dysfonctionnements intestinaux et alimentaient mon endométriose ?
Parmi les symptômes les plus souvent associés à l’endométriose, on retrouve sont les symptômes digestifs (douleurs abdominales, problèmes de transit, ballonnements, gaz).
Il est important d’adopter une alimentation adaptée à SON endométriose et de chercher quels sont les aliments que l’on tolère et ceux que l’on digère moins bien.
Parmi ces derniers, il a été prouvé que les FODMAPS (acronyme pour fermentable oligo-, di-, mono-saccharides and polyols) peuvent favoriser les désagréments intestinaux chez les personnes déjà sujettes à l’inflammation tels que des douleurs, des ballonnements… ce qui est le cas des femmes atteintes d’endométriose.
Les FODMAPS sont des sucres susceptibles d’être fermentés dans le gros intestin (par exemple : lactose (lait, fromages blancs, fromages frais et crèmes desserts), fructose (fruits et produits sucrés), fructanes (légumes secs, ail, oignon, blé, seigle, produits industriels) et polyols (bonbons, chewing-gums et chocolats “sans sucres ajoutés”)). Vous remarquerez que parmi ces aliments certains sont déjà considérés comme très inflammatoires comme le lait de vache ou le sucre raffiné !
Une étude neo-zélandaise (Judith S. Moore et al, 2015) portant sur 160 femmes a démontré que l’alimentation pauvre en FODMAP réduit les symptômes digestifs chez 75% des personnes souffrant d’endométriose.
Pour ma part, la suppression du melon a fait disparaitre les diarrhées que je subissais après chaque repas qui en contenait.
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Investiguer le lien entre perméabilité intestinale et endométriose
Diarrhées, constipation, ballonnements, douleurs abdominales, fatigue : ces symptômes pourraient ne pas être la conséquence que de l’endométriose !
Les femmes atteintes d’endométriose sont pour un certain nombre d’entre elles atteintes du syndrome de l’intestin perméable.
Un intestin perméable permet aux toxines, bactéries et autres substances qui devraient rester dans l’appareil digestif de pénétrer dans le sang. Ces substances ont un effet néfaste sur le système immunitaire et :
- sont à l’origine de 80 % des maladies, souvent infectieuses comme les pathologies ORL, urinaires, pulmonaires, cardiaques, les affections de la peau (acné, eczéma, psoriasis), ou encore les pathologies articulaires
- et peuvent avec le temps, en l’absence d’intervention, contribuer à l’inflammation
- et/ ou contribuer à l’apparition ou au développement de maladies auto-immunes chroniques.
Chez les personnes sans autre pathologie, de nombreux symptômes (diarrhées, constipation, ballonnements, gaz malodorants, douleurs abdominales, fatigue) peuvent apparaitre.
Avec l’endométriose, beaucoup de ces symptômes sont déjà présents. Le syndrome de l’intestin poreux les aggravent car :
- l’endométriose est une maladie inflammatoire chronique (également suspectée d’être une maladie auto-immune).
- Le syndrome de l’intestin poreux rajoute de l’inflammation à l’inflammation déjà présente engendrée par les lésions d’endométriose, et augmente les douleurs, le ventre gonflé, le transit déréglé…
Par ailleurs un intestin perméable ne permet pas au corps d’absorber et de bénéficier de tous les nutriments présents dans l’alimentation. Par conséquent, malgré tous vos efforts pour vous nourrir correctement, votre alimentation ne vous permet pas de lutter contre la fatigue, ou d’améliorer votre fertilité en améliorant la qualité des ovocytes.
Des changements alimentaires et d’hygiène de vie peuvent permettre de restaurer la barrière intestinale. Pour moi, cela a été la suppression du poivre et du piment : cela a été radical sur les ballonements que je subissais après chaque repas.
Et si le SIBO pouvait expliquer le ventre très ballonné des femmes atteintes d’endométriose ?
Parmi les différentes déséquilibres du microbiote que l’on rencontre fréquemment chez les femmes atteintes d’endométriose, on trouve le SIBO (acronyme de small intestinal bacterial overgrowth, qui se traduit en français par syndrome de prolifération bactérienne de l’intestin grêle).
Dans leur livre “The Endometriosis Health & Diet Program,” le Docteur Andrew Cook et Danielle Cook partagent leurs recherches qui montrent un risque accru de SIBO chez les femmes atteintes d’endométriose (sur 50 femmes atteintes d’endométriose, 40 étaient également atteintes du SIBO).
L’inflammation induite par l’endométriose peut altérer la flore intestinale et être à l’origine du SIBO, parmi d’autres pathologies digestives. Par ailleurs, la motilité intestinale peut être réduite à cause des adhérences de l’endométriose et également être à l’origine du SIBO.
Souvent confondu avec le syndrome de l’intestin irritable qui concerne le colon, le SIBO se caractérise par la présence anormalement élevée du nombre de bactéries dans l’intestin grêle. Il s’agit d’une infection de l’intestin.
Les symptômes du SIBO sont principalement des troubles digestifs :
- intolérance aux FODMAPS
- ballonnements
- flatulences
- douleurs abdominales
- spasmes digestifs
- reflux gastro-œsophagien
- éructations
- nausées
- diarrhées
- constipation
- une alternance des deux
- fatigue
Ces symptômes correspondent pour la plupart à des symptômes retrouvés chez les femmes atteintes d’endométriose. Le SIBO serait suspecté de contribuer à l’endobelly (ventre très gonflé, très ballonné qui fait penser à votre entourage que vous êtes enceinte de 5 mois et que les médecins ne traitent pas vraiment parce que pour eux il s’agit de simples gaz) et de contribuer au syndrome de l’intestin perméable.
Comme toute infection, elle est généralement traité avec des antibiotiques mais cela est rarement suffisant. En complément, il est possible d’adapter le régime alimentaire et d’utiliser des huiles essentielles, des probiotiques et des enzymes végétales.
La digestion est un phénomène complexe très influencé par notre mode de vie et par notre alimentation. Et ce n’est pas parce que vous avez l’impression de bien digérer que vous absorbez correctement les nutriments présents dans votre bol alimentaire et que vous nourrissez votre corps, que vous faites baisser l’inflammation et que vous optimisez votre fertilité. Aujourd’hui, la digestion et l’impact de notre alimentation actuelle doit être au coeur de vos préoccupations si vous souhaitez avancer sur le chemin de guérison de l’endométriose.
Pour aller plus loin
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